Mirror's Edge : Vertige numérique primitif

On l'a martelé à Geek Me Five (rendez-vous samedi soir sur Radio Campus, n'oubliez pas ! ), Mirror's Edge est un jeu magnifique, qui renouvelle le genre plate-forme sans pour autant en contester son héritage. La vue subjective, servie par un moteur graphique et physique dopé au next-gen, donne aux exploits de Faith (belle héroïne, entre Maggie Q et Lara Croft) des oripeaux de Prince of Persia moderne. Beau paradoxe : après avoir brisé tous les os de son adorable squelette numérique, le vide n'a plus la même consistance, le vertige devient sensible. L'immersion est totale. Ajoutez à celà un scénario solide (vous êtes le messager voltigeur de clients contestataires envers une société devenue muselée par la seule résignation de sa population) et une philosophie anti-violence rare (mais si, Vince, on peut désarmer cinq flics sans en dégommer un seul !), l'envie de résister à une telle aventure s'avère nulle.

Mais la magie de Mirror's Edge semble ailleurs, presque inéfable. Mais elle est aussi un reproche de ses détracteurs. Car sous airs de prouesse technologique, le soft n'en reste pas moins d'une simplicité confondante. Faith est un être dont la seule motivation est d'atteindre un point X bien précis. Si les possibiltés de l'atteindre se déclinent sous plusieures formes, la conclusion reste : suivre la couleur rouge, celle du fil d'Ariane qui ne poura jamais la détourner de sa mission. Le reste des décors (fenêtres, portes, cubes de bétons) ne sont que purs décorums et textures afin de donner chairs à une architecture uniquement décorative. Aller d'un point A à un point B, après avoir évité de nombreux obstacles, voici une claire définition primitive du jeu vidéo.
Mirror's Edge a ce talent de nous confronter, à l'heure des next-gen et des concepts ludiques de plus en plus retors, à l'essentiel du mantra vidéoludique : avancer, ne jamais relâcher l'attention sur un but avant tout topographique. Car c'est bien l'espace l'ennemi le plus dangereux du jeu ; l'espace ou cette bête à apprivoiser pour ne pas se retrouver à recommencer 10 fois une même phase crispante de stress, par faute d'avoir bien évalué le terrain. Heureusement que la jouissance à jouer les filles de l'air se renouvelle périodiquement : à travers conduits d'aération et d'échafaudages en échafaudages, à dos de métro, d'une grue de chantier à l'autre - je défie quiconque de ne pas être ému par cette ivresse des hauteurs - la sensation n'aura jamais été aussi grisante. C'est donc cela, être Icare...

Testé et Disponible sur XBOX 360

Comments

[Dark Horse]

Bonsoir, GM5. J'ai eu vent de votre blog en écoutant l'émission du 13/12, je viendrai vous rendre visite de temps à autres pour vous soutenir dans votre croisade, vos curiosités et vos pérégrinations dans le monde de la g33kerie. Bon courage pour la suite.